Juliette Gréco : Dans la cour de l'école, j'entendais les filles chanter O Catarinetta bella ! Tchi-tchi... Ça m'amusait, mais ça ne m'a jamais transportée. Puis, par le philosophe Merleau-Ponty ou par Boris Vian, j'ai découvert Agnès Capri qui, elle, m'a bouleversée. A l'époque, nous étions très portés sur la lecture. Nourris aux textes d'Alphonse Allais, Queneau, Michaux... A la poésie en général.
Françoise Hardy : Quand j'avais 10-12 ans, c'était la grande mode des chanteurs à voix et à accent : Luis Mariano, Tino Rossi et Georges Guétary – que je préférais, car je trouvais que c'était le plus beau. Ensuite, j'ai vraiment aimé la chanson « à texte », dont j'ai même acheté des partitions. La Rue Saint-Vincent, par Cora Vaucaire, puis Brel, Aznavour, Barbara, Brassens, Bécaud, Trenet... Ces grands auteurs étaient de grands mélodistes. Dans un autre genre, j'aimais aussi beaucoup Paul Anka...
Maxime Le Forestier : A 14 ans, après plusieurs années de violon et de chant choral, j'ai acheté une guitare et des partitions. On m'a vendu quatre chansons de Brassens et ma vie a changé. J'ai appris toute son oeuvre ainsi — c'est peut-être pour cela que, lorsque je le chante, je ne l'imite pas. Après, évidemment, j'ai acheté ses disques, que j'écoutais comme un adolescent : 250 fois de suite.
Daniel Darc : Enfant, trois choses me faisaient vraiment peur, au point de me cacher sous la table : Laurel et Hardy, le cirque et Georges Brassens ! Il me faisait flipper avec sa pipe. Du coup, je détestais tous les chanteurs français.
Dominique A: J'ai en tête une image de mon enfance, fondatrice : je suis dans ma chambre, dans une grande maison en Seine-et-Marne, et j'entends une musique. C'est un disque de Brel ou de Ferrat. J'entends la voix, et cela me parle de suite, m'impressionne, m'enveloppe, me rassure. Brel, Ferré, Brassens m'effrayaient alors un peu physiquement, et en même temps me fascinaient.
Benjamin Biolay : J'ai très vite aimé Henri Salvador : une de mes tantes m'avait offert un disque. Quant à mes parents, ils écoutaient essentiellement du classique, mais avaient quelques compilations, genre « anthologie de la chanson française ». J'y ai découvert Charles Trenet, que je trouvais magique. Des années plus tard, j'ai entendu Catherine Ringer dire qu'elle l'aimait beaucoup, et j'ai pensé « Voilà la matrice : un vieil auteur des années 1940 et 1950, qui a compris comment écrire en français avec des mots courts. »