Il arrive qu’un opéra ne survive dans la mémoire collective que par le miracle d’un seul air, porté par des interprètes d’exception, et l’apport décisif d’une culture populaire qui lui donne un second souffle. C’est le cas d’« Ebben, ne andrò lontana » (« Eh bien, je m’en irai loin ») dans La Wally d’Alfredo Catalani (1891), immortalisé par Renata Tebaldi, Magda Oliveiro ou, bien sûr, Maria Callas. Cet « opéra alpin », aujourd’hui fort peu donné – l’œuvre n’a probablement jamais été créée en France –, commence avec la chanson de l’Edelweiss et se termine par une grandiose avalanche ! Wally a un tempérament passionné qui annonce Tosca : sa jalousie provoque le malheur de celui qu’elle aime ; elle meurt comme elle en se jetant dans le vide. Dans ce grand air – inspiré d’une « chanson groenlandaise » sur un texte de Jules Verne ! –, elle fait front à son père, jurant de partir seule dans la montagne et de braver les neiges s’il veut la marier de force. Le thème couve à l’orchestre avant de prendre son envol dans la partie vocale.