Haydn s'exagéra l'étendue de son art, quand il prétendit faire exprimer à l' orchestre la confusion du chaos et les merveilles des six jours, les replis onduleux du serpent et le fourmillement des insectes, quand il essaya de mettre en musique le Soleil, la chaleur et la neige. Dans ces oeuvres, si remarquables d'ailleurs, les instruments ne suffisent plus à traduire la pensée du compositeur; il faut qu'il emprunte le secours de la parole; encore le récitatif et le chant ne le mènent-ils pas tout à fait à son but. Les sensations musicales sont tellement arbitraires, qu'un admirateur de Beethoven a pu, dans son imagination, faire de la Symphonie pastorale " un poème dans le goût de Milton , et placer la chute de l'ange rebelle où le compositeur fait chanter la caille et le rossignol. " Cet aveu naïf d'une méprise singulière donne l'idée des mécomptes auxquels s'exposerait la musique si elle avait la prétention de décrire.