30.9 Les pêcheurs de perles
Roberto Alagna - Bizet - The Pearl Fishers - Je Crois Entendre Encore
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C’est le moment de l’opéra où Nadir reconnaît la voix de Leïla. Cet air est un des passages les plus célèbres de l’oeuvre. Il est écrit pour une voix de ténor, la voix couramment attribué au rôle des jeunes amants dans les opéras de cette période. La mélodie est douce et ondoyante. Elle est tellement expressive, qu’on joue parfois cet air sans les paroles, un instrument remplaçant la voix. Il est composé de deux couplets :

Je crois entendre encore,
Caché sous les palmiers,
Sa voix tendre et sonore
Comme un chant de ramier!
O nuit enchanteresse!
Divin ravissement!
O souvenir charmant!
Folle ivresse! Doux rêve!
Aux clartés des étoiles,
Je crois encore la voir,
Entrouvrir ses longs voiles
Aux vents tièdes du soir!
O nuit enchanteresse!
Divin ravissement!
O souvenir charmant!
Folle ivresse! Doux rêve!

L’air est introduit par un doux solo de cor anglais, auquel répondent lesvioloncelles. Ce solo installe le rythme de la mélodie qui va suivre. Bizet utilise dès le début un orchestre réduit pour souligner l’intimité de cette scène.

La mélodie de Nadir alterne des notes tenues au balancement d’un rythme ternaire. Elle doit être chantée avec une grande douceur. L’orchestre soutient le chanteur avec délicatesse, toujours dans une nuance pianissimo et entretient l’atmosphère intime et suave. Les violons doublent la mélodie en jouant en sourdine et seuls deux violoncelles répondent au chant.

La mélodie a un mouvement général ascendant. La note la plus aiguë arrive à la fin du couplet, après un crescendo et un élan rythmique, et est soulignée par un point d’orgue. Mais elle doit être chantée avec douceur. L’élan en est en partie interrompu. Bizet illustre ainsi musicalement la contradiction entre l’amour de Nadir pour Leïla et l’interdit imposé par sa promesse à Zurga, et crée un moment de grande expressivité.

Le deuxième couplet est construit sur les mêmes éléments que le premier. Bizet lui donne une plus grande intensité, mais toujours contenue. Le timbre des violons en sourdine est remplacé par l’association de celui de la flûte et du cor anglais. Les réponses des violoncelles sont doublées par les altos. Et un nouvel élément rythmique joué aux violons ornemente la mélodie.