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LA MARCHE AU SUPPLICE

Le quatrième mouvement justifie le qualificatif « fantastique » de l’œuvre, et livre à lui seul un certain nombre de thèmes directement associés au romantisme – rêve, inconscient, amour déçu, mort, drogue –, en une palette de sentiments et d’expressions aussi pléthorique que contrastée. Berlioz déclare dans ses Mémoires avoir écrit la Marche au supplice en une nuit. Et pour cause : il s’agit en partie d’une reprise d’une Marche des Gardes pour son projet d’opéra Les Francs-Juges.

D’emblée, l’auditeur est plongé dans une ambiance martiale à la pulsation implacable, grâce au martèlement régulier des timbales. Aux cordes graves, les pizzicatos marquent les temps, évoquant les pas du cortège qui avance. Un premier thème, énoncé aux violoncelles et contrebasses, illustre la marche « sombre et farouche » : un mouvement descendant et decrescendo, sur une même cellule rythmique répétée, qui traduit la fatalité de la justice et la mort certaine.

Un second thème, caractérisant la marche « brillante et solennelle », apporte un contraste immédiat avec le premier : joué par les vents en nuance forte, majestueux, sur un rythme pointé entraînant, il semble décrire l’exaltation du héros désespéré. Berlioz alterne ensuite premier et deuxième thèmes et, enfin, le cortège arrive à l’échafaud. Une rapide apparition de l’idée fixe à la clarinette évoque les pensées ultimes de l’artiste pour celle qu’il aimait, brusquement interrompues par un accord sec de l’orchestre, tel le couperet de la guillotine qui tombe. Le mouvement se termine dans la joie et l’allégresse, roulement de timbales à l’appui, la foule applaudissant et manifestant sa joie suite à l’exécution du héros.